Quand le bateau coule…

Pour les amoureux de grand air et d'espaces naturels...

Quand le bateau coule…

      Lorsque je pêchais la carpe, avant d’arrêter (arrêt pendant 12 ans, et reprise en juin 2015), nous utilisions mon binôme et moi, un bateau qui nous paraissait idéal, grande surface, grande stabilité, capacité de charge importante (sans annexe). Il s’agit du Porta-bote 3.80 m (bateau pliable de fabrication américaine). C’est donc tout naturellement vers ce bateau que je me suis tourné, pour reprendre les sessions en grands lacs dont j’avais l’habitude. J’ai donc porté mon dévolu sur le modèle inférieur, considérant que pour une personne cela suffisait, un 3.20 m.

      Je suis donc parti, un matin de mai 2016, faire une première session de « mise en jambe », sur un barrage qui m’avait l’air sympa, dans le Puy-de-dôme. Le temps à mon arrivée était agréable, par la suite cela s’est dégradé, virant à la pluie, plus ou moins continue pendant 3 jours. J’arrivais à faire quelques carpes en pêchant en extrême bordure, sur des rives tombants en a-pics. Tirant certaines lignes lointaines au bateau… Tout se passait à merveille, j’étais aux anges.

      Le matin du quatrième jour, il était temps de plier bagages, ce qui fut fait, tranquillement, sans aller trop vite, prenant le temps de bien faire.
Le bateau chargé, il me paru mal équilibré, pointant un peu trop sur l’avant, je déplaçait quelques charges, dont un seau de graines à moitié plein, et laissait l’autre…  Cela me paru suffire…

"Les mines", Les Fades Besserve

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      J’appareillais peu après midi, après un petit en-cas… J’enfilais mon gilet de sauvetage, et chaussais mes cuissardes pour pourvoir mettre « les pieds dans l’eau » à l’arrivée, qui était peu profonde…
Moteur thermique en route (3.3 cv), je commençais mon chemin de retour, tout allait bien… Jusqu’au moment où…!
J’augmentais un peu les gaz pour aller un petit peu plus vite… Tout à coup au bout de quelques secondes, je vois de l’eau qui arrive en grande quantité de l’avant !!! Je coupe immédiatement les gaz ! Mais il est déjà trop trop tard, le bateau a déjà engouffré trop d’eau, et je sens immédiatement (en moins de 5 secondes) qu’il s’enfonce et que je n’y peux rien !!!  Je n’avais pas pensé à un phénomène qui se créé à l’avant d’un bateau, à une certaine vitesse, la vague d’étrave, et c’est elle qui a due passer par dessus la proue…!
Là je pense que tout ce que je possède je le perd… 🙁  À peine le temps de me dire ça, que l’eau (qui est à 14°) me rappelle à l’ordre ! Il faut gagner la rive, là j’ai peur d’y rester… 🙁
Je suis seul, j’essaie d’appeler, mais aucun son ne sort de ma bouche, je suis tétanisé par la peur…! Je bois une tasse voilà qui me « réveille », je pense vite, il faut que je me batte, je veux vivre !

carpe-aa1Mes putains de cuissardes entravent mes mouvements, et je ne trouve pas les clips pour les déchausser…! elles finissent par glisser assez bas pour que j’en sorte mes jambes, et je nage, tant bien que mal ! Comme je le peux, agrippé à mon gilet de sauvetage (agrippé à la vie, sans lui, je suis sur que je n’aurais pas atteint le bord…), je me met sur le dos, c’est plus « reposant », et je respire, je bat des jambes, j’inspire et j’expire, je sent petit à petit l’acide lactique qui durci les muscles… Je trouve que la rive approche, mais trop lentement… Je ne peux pas, ne pas y arriver, je continue à battre des jambes, et je fini par sentir, au bout de près de 10 mn (ou bien cela m’a semblé des siècles…) mon dos qui racle le sol… Je me retourne et m’affale sur la rive, je n’arrive même plus à bouger, puis au bout de 5 mn j’arrive à me relever, ces moments sont terribles, mais je sais que je ne vais pas rester là !
J’enlève mes vêtements trempés, ne garde que mon caleçon et deux épaisseurs sur moi, j’ai très froid (10° C.)…

      Je vois tout mon matos qui flotte, même le bateau n’a pas complètement sombré et sa proue dépasse encore…!

carpe-aa2      Je suis la rive jusqu’à un point où je sais que je suis visible par d’autres gars qui pêche à plus de 600 mètres de là, sur le secteur de nuit (les Boisses). Je hurle (avec toutes mes capacités vocales), que j’ai besoin d’aide, au début pas de réponse, rien ne bouge, je continue à hurler que mon bateau à coulé, que j’ai besoin d’aide… Un des mec réagit, et j’entends « Ok j’arrive » ! Je crie « Merci » !

      Quand il arrive il comprend mieux pourquoi je gueulais, mais il me dit qu’en fait il ne comprenaient rien à ce que je disais (normal à cette distance me direz-vous)…
Je monte à bord, et lui expose brièvement ce qu’il s’est passé… J’aperçois la pointe du bateau, nous attrapons l’amarre, et nous remorquons le bateau presque totalement immergé !
Je le remercie vivement pour toute l’aide qu’il m’a apporté (Merci François !!!) !!! 🙂

      La rive est là, nous hissons le bateau sur le rivage, dedans il y a la batterie du moteur électrique, mes rod-pod, mon moteur électrique qui sont restés bloqués, le thermique est toujours accroché, je n’ai pas tout perdu… Nous le vidons de son eau, ce qui se fait assez rapidement, et simplement, aussi simplement qu’il s’est remplit. Avec ses flotteurs intégrés, il a donc « surnagé », malgré le poids d’une batterie de 120 A (25 kg~), un moteur électrique (10kg~), Un moteur thermique (10/15 kg~), et quelques accessoires…

Je suis en état de choc et en hypothermie…

      La brise a poussée tout le reste du matériel sur la rive, il ne me manque que mon « brolly », pour finir… Et bon je suis vivant c’est le principal, même si par la suite je sais que mon appareil photo et mes objectifs sont foutus ! 🙁

carpe-aa1Ce qu’il faut retenir de cette mésaventure, c’est qu’il faut bannir les cuissardes en navigation, mettre tout sont matériel de valeur dans des contenants étanches (souples ou rigides), connaitre véritablement les limites de son embarcation, sans hésiter à avoir une annexe, pour soulager le bateau principal, y mettre les graines, les bouillettes, l’intendance pour le séjour, etc…

 

!!!

Mais surtout il faut impérativement porter son gilet de sauvetage pour tout voyage de liaison, c’est le minimum lorsque le bateau est chargé, et n’oublions pas que le gilet de sauvetage est obligatoire sur les plans d’eau où la navigation est autorisée
E
t que le pire est de monter dans un bateau sans savoir nager !!

En hiver c’est pire, l’hypothermie est plus mortelle que la noyade…!

gilet de sauvetage carpe

      Voilà, j’espère que cette mise en garde pourra servir à d’autres à l’avenir, et qu’il ne faut pas penser (comme cela m’est arrivé au moment du naufrage), que cela n’arrive qu’aux autres… Nous ne sommes pas infaillibles, ni immortels !!!

UN gilet de sauvetage coute entre 20 et 60€ ~, c’est le prix que chacun doit consacrer à sauvegarder sa vie, il n’y a pas de risque 0 !
Tout cela pour dire que je suis encore là pour raconter ma mésaventure…

Bonnes pêches à tous, et surtout vive la vie !

Les Fades

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6 réponses

  1. potier marc dit :

    salut BENOIT ,
    comment un gars comme toi avec tout le vécu que tu as , as tu mis des cuissardes et embarqué ? comme tu le dis,
    tu as eu beaucoup de chance , à bientôt au bord de l’eau .
    MARC

    • JBenoit dit :

      Ah ça Marc, ça relève de la trop grande confiance dans le matériel… Cela dit à certaines époques, on ne mettaient jamais de gilet de sauvetage… Les cuissardes, comme je le dis, les garder c’était dans un esprit pratique, pour faciliter l’accostage à l’arrivée…

  2. anthony martin dit :

    jolie recit benoit !! tu a etait plus fort que la nature , on fait tous des erreur , tu as la vie sauve et recuperer ton matos en grande parti le reste servira de lecon a toi et j’espere a beaucoup bonne suite au plaisir sur les berges

    • JBenoit dit :

      Salut, merci pour le commentaire !
      Ce qui est sur déjà, c’est que je retournerai rapidement sur les rives de ce lac, pour avoir autre chose à en dire… 😉
      Ce que j’avais déjà commencé à faire sur la page FB du site, pendant la session. 🙂

  3. Gardette dit :

    Sa m en a glacer le sang moi qui navigue sans gilet mais sans cuissardes vous avez u vraiment de la chance je vais changer d avis sur le gilet de sauvetage et très souvent est vrai que l’on charge sans trop regarder la limite parfois j ai plus de place pour moi donc pas très intelligents du coup enfin bon courage à vous en espérant que sa vous laisse pas un goût amère et que cette passion de la nature sera plus fort bonne peche à vous peut être un jour au bord de l’eau

    • JBenoit dit :

      Salut, non cela ne va entamer ma passion, c’est sur que tant qu’on a pas eu d’expérience « douloureuse » avec l’eau le gilet peut paraitre superflu à certains (pensent-ils qu’ils sont invincibles?), mais par chance j’ai déjà eu une telle expérience par le passé, et donc je sais parfaitement que c’est l’eau la plus forte…! Il n’est donc pas question une seule seconde, pour moi, de ne pas porter mon gilet de sauvetage lors d’un déplacement chargé (pour aller sur un poste, ou se déplacer d’un poste, vers un autre).
      Je ne le répèterais jamais assez, il faut le porter, c’est vital !

      🙂

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