Découverte du domaine de Peyrusse…
Ou « Les comptes de Peyrusse »…
Ceux qui me connaissent savent que je ne porte pas les « privés » dans mon cœur. Mes expériences à l’époque des premières structures de pêches privées ayant été catastrophiques, aussi bien halieutiquement, que humainement, entre les cheptels nains ou inexistants, et les équipes bourrées et foutant le bordel H24, j’avais été servi. J’avais donc été vacciné de ces « regroupements »et les fuyais comme la peste.
Mais le hasard des rencontres fait que, dans la vie, on peut avoir une nouvelle expérience et voir les choses différemment. Ainsi sur Facebook j’ai eu le plaisir de croiser, d’abords virtuellement, puis IRl Pascal Bouveur. Pascal est surtout connu pour ses bateaux amorceurs haut de gamme, de très grande qualité, les E-BOAT. Il s’est allié à Ludovic Leblan de la société BLEM Tackle pour reprendre le domaine sous forme d’association (à but non lucratif).
Le site dont il est question est le « Domaine de Peyrusse » (un peu d’étymologie: De l’occitan Peirussa (« lieu pierreux, établi sur un roc »), féminin de peirós.), il est situé dans la Creuse à Chénérailles entre Guéret, Montluçon et Aubusson. Le domaine fait 64 Ha, et les étangs en couvrent 26 Ha. 3 pièces d’eau sont réservées et aménagées pour la pêche de la carpe exclusivement (pour plus de précisions suivez les liens vers le site du domaine).
Le site est fermé depuis maintenant un an, et sa réouverture (le temps que quelques travaux soient effectués) est prévue pour Mars 2025.
Récemment Pascal m’a gentiment proposé de découvrir les lieux et d’y faire une session, j’ai d’abords été réticent, mais ses arguments m’ont convaincu de le tenter. D’abords le fait que le domaine soit actuellement fermé et que je serais tranquille pour pratiquer ma pêche sans me sentir « encadré » de bivvys. Tous les feux étaient donc au vert pour que je sois séduit par le cadeau et que j’accepte son invitation.
Je me suis préparé, comme toujours, sérieusement surtout lorsque je dois découvrir un nouvel espace de pêche, cartes IGN, vidéos, sites, photos etc.
Comme une session est toujours un « challenge », celui de faire au moins une carpe lors de cette première approche (ce qui n’est pas toujours évident), tout ce qui suit la première capture ne peut être qu’un plus multiplié par +++++ 🙂
Le lac sur lequel j’ai jeté mon dévolu est le plus grand du domaine (8 Ha) appelé « Les Brochets », et aux regards des informations glanées ici ou là, il s’agit de celui dont la pêche est réputée la plus difficile du domaine. Je m’attendais donc à devoir patienter si les dames carpes étaient bouches closes. Novembre étant le mois des premiers frimas, les poissons peuvent rapidement entrer dans une certaine léthargie si les températures baissent.
À cette période les grues nous gratifient de passages réguliers avant le coup de froid, leurs cris tonitruants déchirent le silence de l’azur, et c’est par milliers qu’elles défilent !
Il faut donc aussi penser à bien se couvrir et avoir de quoi faire marcher la « chaudière », le corps s’habituant vite aux conditions. Soupes et autres boissons chaudes, nourritures caloriques en bonnes quantités, vêtement adaptés à la saison et chauds… C’est la base du pêcheur de fin de saison (et idem pour la pêche en hiver), sans avoir besoin d’un chauffage central dans le bivvy, même à 63 ans je pratique toujours de la sorte, et ne suis jamais gêné par la froidure… 🙂
Également pour mes sessions je pense toujours aux offrandes que je vais faire aux carpes, et c’est ainsi que je fais depuis toujours mes bouillettes.
Mon mix est simple, farine de lentilles, farine de pois cassés, farine de pois chiches et semoule fine de blé. Je fais mes farines à la demande pour avoir les ingrédients les plus frais possibles, je n’ajoute aucun additif si ce n’est un peu d’huile végétale (colza/sésame grillé). Une bonne quinzaine de kilos de bouillettes pour une session, voilà ce que j’apporte généralement pour une semaine de pêche. Étant partisan de la parcimonie, mais surtout du choix judicieux des spots, je préfère pêcher où sont les carpes, ou du moins où je suppose qu’elles peuvent être. Je choisi avec le plus de précision possible ce qui peut être les « tenues » des carpes (aires de nourrissage, zones de conforts, zones de passages), et mes amorçages sont toujours légers, et ce ne sont généralement que 3 grosses poignées de bouillettes qui alimentent mes spots.
En arrivant le dimanche au domaine de Peyrusse
j’avais fait le choix de m’installer sans pêcher, histoire d’être tranquille le lundi matin pour mettre en place mes repères à « tête reposée ». La nuit fut donc très calme, mais quelques beaux sauts me sortirent de ma torpeur, m’envoyant des signes sur l’activité des poissons sur le plan d’eau et sur le secteur que j’avais choisi.
Tout cela était très positif, et même à moins de 10 mètres de moi l’activité des carpes en surface se fit entendre…
Le lundi matin je commençait la prospection, différents paliers de profondeurs se trouvaient dans la configuration des fonds, entre les plateaux dans moins d’un mètre où je pu observer des « nuages » de limon fraîchement remué (les poissons s’étant certainement égayés à mon approche), les taches de grouinages nettement visibles dans si peu de profondeur, je posais un repère sur ce secteur. À la suite j’ai également trouvé une souche ancienne avec un tombant, la profondeur passant de 0.50/60 m à 1.50m ! un autre repère trouva ainsi sa place. Mes deux autres repères prirent place à moins de 10 m de la rive de chaque côté de mon poste où des sauts s’étaient fait entendre durant la nuit précédente…
Tout était en place dans l’après-midi, il ne me restait plus qu’à croiser les doigts… Le soleil se coucha, et après avoir bien mangé je fit de même, aucun bip n’avait encore signalé la présence des poissons convoités… Mais cela ne tarda pas et c’est à 20h45 que le premier départ me réveilla (et oui à la pêche je me couche et me lève avec le soleil, ou presque) !
La première carpe était une jolie miroir bien ronde, et bien grasse, avec des proportions comme on les aime, elle accusait un poids respectable de 14.400kg ce qui n’était pas pour me déplaire.
Je ne savait pas comment allait se dérouler le reste de la session, je replaçait le montage, c’était le spot à la souche qui venait d’ouvrir le bal !
Ainsi 3 heures après je devais me lever pour sortir une aussi jolie carpe, accusant un poids tout aussi respectable de 15.5kg sur le même spot, qui s’avéra très « hot » par la suite…
Voilà une session qui démarrait sur des chapeaux de roues, même pas besoin d’embrayer la quatrième vitesse !
Le jour suivant commença à 3h20 avec une autre petite sœur des précédentes et toujours aussi ronde, puis vint la suivante qui s’avéra être la première de plus de 20 kilos (voir tableau à la fin de cet article).
C’est ainsi que les jours passèrent, et ce sont 25 carpes qui se succédèrent sur le tapis de réception, les 5 premiers jours ! Les départs étaient clairement plus nombreux la nuit, c’est pourquoi à partir de quelques jours, je ne reposais les montages qu’au matin, après les départs de la nuit, je pouvais ainsi être frais et dispo. Ne faisant pas un enduro, je prenais mon temps, le but n’étant pas le rendement mais le plaisir, ici j’étais servi, la beauté et la qualité des poissons était au rendez-vous. La quantité était déjà suffisante, elle aurait pu être encore plus importante…
Petit à petit j’ai affiné ma pêche et rapidement je déplaçais mes repères qui ne bougeaient pas, pour trouver d’autres imperfections ou différences dans le fonds, ici quelques monticules entourés de petits fossés, là un petit palier de 20 cm, et c’était parfait. À partir de là tous les spots déroulaient plus ou moins régulièrement.
Pour mémoire je prend toujours en note, l’heure, la taille, le poids ainsi que la variété. J’ajoute également un chiffre de 1 à 4 pour savoir sur quel spot cela déroule, partant de gauche vers la droite (1/2/3/4), celui de la souche étant le n° 3.
Un petit coup de pouce du destin faisait que je touchais une carpe de plus de 20 kilos par jour, je prenais tout comme cela venait, avec une joie non dissimulée, les dernières vingt-quatre heures j’en fis même deux et au matin du lundi je pliais !
Cette session sera certainement la plus productive que je ne ferais jamais, j’ai capturé 31 carpes sur 34 départs. C’est donc une perte sur une erreur de débutant qui ne met pas le fil dans le détecteur après avoir tendu la bannière (un peu de fatigue aussi), une casse à courte distance lors d’un (presque) doublè, une carpe sur le tapis, et la suivante restée en laisse canne sur le support frein desserré beaucoup de grosses pierres en bordure, frottement et casse lors de la reprise de contact, et une décrochée à l’approche de l’épuisette…
Ce que je peux dire pour terminer, c’est que malgré le fait que j’étais dans un « privé », les poissons n’avaient pas beaucoup de stigmates de captures précédentes. J’ai compté 4 ou 5 bouches abimées, les autres semblant vierges de piqures, ou en tout cas cela était bien cicatrisé. Le règlement draconien du lieu où la pêche avec hameçon sans ardillon (obligatoire) y est certainement pour beaucoup, pêchant de cette façon depuis au moins trente ans, je n’ai pas eu de souci particulier, les décrochages pour cause d’absence de ardillon sont, à mon sens, une légende forgée il y a quelques milliers d’années. Il suffit juste de pratiquer de cette façon pour se rendre compte qu’on ne perd pas plus de poissons qu’avec ce fameux ardillon.
Je ne suis pas adepte des comptes non plus, mais force est de constater qu’on peut difficilement passer outre lorsqu’on fait une telle session, avec autant de belles carpes à la clé.
Voici donc présenté une partie du cheptel de cet étang de 8 Ha où nagent 400 carpes environs (ce qui en fait une cinquantaine à l’hectare quand même).
Le coup de gel de la nuit du 15 au 16 novembre a bien calmé ces combattantes qui se sont certainement posées sur le fond en attendant des températures plus douces.
Pour finir, ce sont bien 31 carpes que j’eus le plaisir de relâcher après, si besoin était, avoir désinfecté ici une plaie, là une petite ulcération, pour un poids total de 560.6 kg !!!…
Florilège de carpes capturées lors de cette session au domaine de Peyrusse.
●11 novembre 2024
Prêt à 15h00 – vent NE à N
1 20h45 mi 80cm 14,4kg 3
2 23h55 mi 84cm 15,3kg 3
●12 nov
3 03h20 mi 85cm 14,8kg 1
4 06h05 mi 90cm 22,2kg 3
5 09h40 mi 90cm 18kg 3
6 15h20 mi 89cm 19kg 2
7 21h10 mi 95cm 19,8kg 3
8 22h35 mi 86cm 13,2kg 1
9 23h40 mi 75cm 10,4kg 2
●13 nov
10 00h20 co 86cm 19,2kg 3
11 05h40 mi 91cm 15,7kg 4
12 12h30 mi 88cm 22,4kg 3
13 19h10 mi 78cm 11,4kg 3
14 21h05 mi 75cm 16,6kg 2
15 22h05 mi 92cm 18,4kg 3
●14 nov
16 02h15 mi 86cm 17,1kg 2
17 13h50 mi 93cm 17,2kg 4
18 20h20 mi 96cm 22,1kg 3
19 22h20 mi 92cm 18,2kg 1
20 23h55 mi 90cm 16,6kg 2
●15 nov
21 00h05 mi 82cm 16kg 4
22 16h20 mi 97cm 21,2kg 3
23 20h20 mi 93cm 18,3kg 4
24 23h10 mi 86cm 16,4kg 3
25 23h30 mi 84cm 16,6kg 1
Gel à -3 dans la nuit
Vent passe à l’O
●16 nov
26 17h05 mi 91cm 18,5kg 1
27 17h30 mi 92cm 21kg 3
28 23h45 mi 91cm 16,8kg 4
23h55 mi casse 3
●17 nov
29 00h35 mi 97cm 24kg 2
= 527 kg
30 18h00 mi 94cm 19,9 kg 3
Décrochée 18h45 mi 4
31 22h10 mi 97cm 20kg 1
= 560.6 kg
4 réponses
Hello Benoit ,
Très beau récit détaillé d’une superbe session avec un grosse moyenne en poids et des poissons en bonne santé.
bravo ! et cette chouette pour toi d’avoir eu cette l’opportunité de pécher seul ce plan d’eau privé.
amicalement
Marc.B
C’est clair Marc, j’avoue que je ne savais pas vraiment comment allait se dérouler cette session, mais vraiment je ne suis pas déçu !
Salut benoît, heureux de ton retour et que sans aucun doute ta session se soit déroulée comme nous l’avions supposé. Amitié Ludo.
Avec plaisir ! 🙂