Découverte du lac de Montbel



La vie est parfois faite de changements radicaux. Décider de pêcher le lac de Montbel est, peut-être, un de ces moment…
Suite à mon déménagement sur la région toulousaine, j’étais à la recherche de havres de paix pour pêcher la carpe…
Il s’avère que là où nous avons emménagés se trouvent, dans un périmètre très restreint, une dizaine de lacs de petites et moyennes importances, le plus près se situant à 5 mn. de route de la maison, il m’est également accessible à pied, en passant par les collines et les combes. 3 de ces lacs collinaires sont bien gérés par une AAPPMA dynamique, celle de Lavaur. Ils sont accessibles à la pêche de nuit dans leur intégralité sauf dans les réserves (ouvrages d’art).
Plusieurs rivières et fleuve sont également accessible dans le périmètre, l’Agout, le Tarn, la Garonne, et un peu plus loin l’Aveyron et le Lot, font de cette région, une terre idéale à la découverte de nouvelles destinations de pêche.
Mais cet article ne va pas traiter de cela…
Le lac de Montbel se situe à l’est du département de l’Ariège, il a été mis en eau en 1985 et n’a jamais été vidangé. Il est alimenté en eau par l’Hers (par adduction) et quelques ruisseaux plus ou moins pérennes qui l’entourent, le principal étant le Trière. Sa vocation est en grande partie vouée à l’irrigation. Il est question de faire une dérivation de la Touyre, pour sécuriser le niveau et éviter les étiages estivaux.
Comme chaque année (si cela est possible, j’ai programmé une session tombant sur mon anniversaire (voir “Session d’anniversaire“). J’avais fait une petite escapade la semaine précédente, afin de prendre contact avec ce lac, qui se trouve à 1h30 mn. de route de la maison. Le temps était au beau fixe, le lac calme…
Chemin faisant, je fit la connaissance d’un pêcheur de carpe italien, Fabio, notre discussion tourna bien-sur autour de la pêche de la carpe dans ce lac. Fabio était là depuis plus d’une semaine, et n’avait fait qu’une carpe (et un mini silure), me dit-il…
Je n’avais qu’à espérer que le temps change, la fin septembre approchant, un peu de fraicheur et de pluie ne ferait pas de mal, après cet été caniculaire (un de plus…).
Toutes les informations que j’avais recueilli sur ce plan d’eau auraient pu me dissuader de m’attaquer à une pêche réputée difficile, et aléatoire. Lors de mon repérage, je ne vis aucune activité, pas le moindre saut, aucun marsouinage trahissant la présence de “commère la carpe“.
Comme je l’appris par la suite, ici les capots sont plus nombreux que les “cartons”.
Bref, il allait falloir trouver un spot polyvalent, ouvert sur une grande partie du lac, si possible, afin de voir si de l’activité était visible, et le cas échéant, se déplacer là où les carpes auraient pu se montrer. Le niveau du lac était à la baisse, et je découvris rapidement que les rives étaient très boueuses, d’une argile collante qui alourdissait rapidement les bottes ou sandales… Je me rabattis donc sur une pointe rocheuse. Ici il s’agit surtout de formations gréseuses, plus ou moins friables, et se présentant sous formes de lames entassées. Je choisi sa rive donnant sur le plein lac, l’autre donnant sur une baie, ma préférence alla naturellement à la rive au vent.
Lorsqu’on aborde un nouveau site de pêche, on n’y connait rien, c’était le cas, je n’avais trouvé que peu d’infos sur ce lac qui, aux dires des certains informateurs, avait eu son heure de gloire une 15aine d’années plus tôt, époque où je ne pêchais plus. Je n’avais donc pas d’apriori sur cette destination. Tout ce que j’avais comme “bagage”, c’était sont cadre magnifique, avec vue sur les contreforts des Pyrénées ariégeoises, ses eaux turquoises et translucides. Par certains côtés, il peut faire penser au lac de la forêt d’Orient et ses petits saules les pieds dans l’eau, et par d’autres à St Cassien au bras sud, voir Ste Croix et son eau turquoise !
C’est dire, si le cadre est somptueux.
La mise-à-l’eau de Léran est vraiment bien faite, et accessible facilement. Je vidais donc ma voiture et remplissais le bateau, un gros quart d’heure de navigation et j’étais sur place…
L’installation fut rapide, ratissant toujours large, je “quadrillais” devant moi entre 10 et 100 m. Les profondeurs variants de 2.50m. à 9 m. La première nuit fut tranquille, une brème me sortant du bed-chair, après s’être piquée à l’hameçon (sans ardillon), je la décrochais et me recouchait jusqu’au lever du jour. Dans la journée un fort vent d’est se mit à souffler, aucune touche, ne vint égayer cette journée tempétueuse…
Quelques échanges sur le net, et par téléphone, m’apprirent que quelques très beaux spécimens croisaient dans ces eaux turquoises, ce qui me mis du baume au cœur.
Une nouvelle journée commença, avec un vent d’azimut ouest, la surface du lac se couvrit de “moutons”, ce qui est signe d’un vent conséquent. Ce fut bénéfique et ouvrit l’appétit des carpes. Cela commença par deux carpeaux (commune), calibrés au kilo ~, et plus tard une carpe commune un peu plus conséquente, vint faire un petit tour sur le tapis. Elle accusait un poids de plus de 5 kg, ce qui me ravi.
Je me suis décidé à continuer ma session sur ce poste, qui semblait attirer les carpes… Une nuit supplémentaire m’indiqua qu’elles avaient désertées les lieux, le vent ayant tourné à l’est…
Je décidais donc de changer de poste, une pointe “au vent” devenant, le nouveau site de pêche. Grâce à un outil internet, je savais qu’une ancienne route, avec un pont, était submergée dans le secteur, immanquablement, un montage se retrouva sur ce “hot-spot” possible. Les autres pêchant dans des zones différentes, “peuplées” ou non de vieilles souches, plus ou moins loin de la rives. J’ai toujours, au moins un montage qui pêche dans les 2 premiers mètres d’eau, où que je pêche.
Une petite brise, rida la surface du lac, et vers 16 h 30 mn. j’enregistrais un départ tonitruant sur la canne de bordure !
Ayant peur des souches, j’avais décidé de ne pas brider trop fort le poisson au départ… Mais entre ne pas brider fort, et ne pas brider du tout, il y a une marge, et malheureusement j’ai été bien timorée, laissais la bannière au mou, montais dans le bateau, juste le temps de comprendre que mon poisson avait pris la poudre d’escampette…! Il ne me restait plus qu’à remettre le montage en place, un petit rappel, et l’attente pouvait reprendre…
Ce qu’il faut noter ici, c’est la proximité de la chaine des Pyrénées, celle-ci abrite une belle population de vautours (fauve et percnoptère). Dans l’après midi, les cris, de plus en plus rapprochés, de plus en plus virulents d’un Goéland attirèrent mon attention… C’est en levant la tête que je découvris un Vautour fauve me survolant (voilà où je voulais en venir), cet immense oiseau planant en silence, majestueusement, est un spectacle extraordinaire, et je réussis quelques clichés.
La quiétude du soir arriva enfin, et je fixais intensément ces fils ténus qui me reliaient à l’espoir, l’espoir de voir un scion tressaillir, d’entendre un détecteur se mettre à sonner, ou une bobine qui déroule…
Le soleil fit place aux étoiles, la lune, qui était pleine, montra les bout de son nez, les grillons entonnèrent leur chant vespéral…
J’étais seul sur cette portion de terre, j’étais bien… J’attendais.
Une hulotte chuinta au loin… Je me couchais, et m’endormis…

Carpe commune
22h30 deux bips…! Puis une série ininterrompue de bips ! Je sautais hors du bed-chair, pris contact avec la “passagère”, et senti immédiatement une force contraire… Je relâchais ma pression, montait dans le “Zod”, lançais le moteur électrique (moteur thermique interdit ici), je prenais le fil en gardant juste ce qu’il fallait de pression, pour éviter la détente de la bannière… Arrivé à la vertical, je senti bien que le fil passait dans du bois (souche apriori), j’ai toujours un plomb avec agrafe dans la poche ou sur le bateau, dans les secteurs à souche. J’agrafai le plomb, le laissais filer, il fit son office et libéra la bannière de l’obstacle. Je bandais la bannière et eu immédiatement l’impression d’être encore dans une souche, ma canne parabolique de 3 lbs.
était courbée, scion dans l’eau et je commençais à secouer, pour faire passer le plomb… Bizarre, rien ne se passait… Puis tout à coup je compris, le bateau se déplaçait ! Il y avait du monde au bout du fil ! “La chose” était donc bien lourde, comme jamais je n’avais senti, une forte traction du bras me fit comprendre, qu’elle ne monterait pas sans combattre… Durant de longues minutes, je conservais une forte pression sur le poisson, gagnant parfois quelques centimètres de fil, qu’il reprenait immédiatement malgré le frein serré à la limite ! Je n’avais, véritablement, jamais eu droit à un tel combat, et le bateau continuait à se promener, attelé à une sportive aquatique. Les minutes défilaient, le temps passait, petit à petit, je fis monter le poisson… Il se fatiguait, au bout d’une vingtaine de minutes, des bulles apparurent et crevèrent la surface, non sans tenter encore de sonder, la carpe commença, a faire claquer sa caudale, signe que le corps frôle la surface. Il suffit d’être patient à partir de là, très rapidement, elle fini de “dégazer”, et se rend, je la vois à plat, en surface, et constate que l’hameçon ne tient plus que par un petit morceau des tissus buccaux… La mise à l’épuisette est rapide, et parfaite, je relâche la pression.
L’hameçon sans ardillon est enlevé très facilement… Je désolidarise les branches de l’épuisette, emmaillote le poisson, et gagne la rive… Inutile de dire que pour la sortir, j’ai besoin de mes deux bras, je la dépose sur le matelas de réception. Bien-sur la curiosité m’avais fait l’éclairer dès la capture, pour voir, et je m’étais fait la réflexion, qu’elle avait une jolie bosse en arrière de la tête. Que peut-être était-elle encore plus belle que ma précédente grosse commune capturée lors d’une “session d’anniversaire“…
Je savourais l’instant et la mesurais… 1,03 m. ! Voilà qui en disait déjà long sur le spécimen !
Un petit tour sur le peson, et là je vis, sans trop y croire, l’aiguille du cadran arriver sur le chiffre 24 (à 600 grs. de mon record toutes catégories) ! Et voilà, je trépignais, chantait mon “petit bonheur” ! Le voilà mon cadeau d’anniversaire, une jolie mémère de bronze. Le lendemain matin elle regagna sa liberté, après quelques photos évidemment. 🙂
Pour un premier contact avec le lac de Montbel, je peux dire que si la quantité de carpes est restée modeste, la qualité de ce dernier poisson me laisse encore pantois, et le souvenir de ce combat, restera gravé encore longtemps, et c’est un vrai bonheur que de le partager.
Plus rien ne se passa après cette capture, j’avais pourtant rallongé d’une nuit ma session, avec espoir, mais cette nuit supplémentaire fut juste chargée de rêves dans un long sommeil réparateur.
…
Pour conclure:
15 jour plus tard, j’y suis retourné. Le temps était beau, l’eau frôlait les 20° C., au début d’octobre ! Ce phénomène ne sembla pas plaire aux carpes, d’après ce que j’ai pu voir, et les discussions que j’ai eu sur place, le lac était complètement éteint, les bouches closent… Pas une seule carpe n’était capturée (apriori) durant les 7 jours que dura ma session, pour moi aussi ce fut le “capot”. Un italien croisé sur une île me dit qu’il était là depuis 9 jours et n’avait rien fait… :/
Malgré les 3 postes que j’ai visités, quadrillés, à toutes les profondeurs, tous les substrats rien n’a réveillé leur appétit.
À l’heure où j’écris ces lignes, le temps a enfin viré, un vent froid et fort souffle, nul doute que les carpes ont commencées leur frénésie alimentaire automnale, et se gavent pour faire leur réserves de graisse pour l’hiver, mais malheureusement, c’est sans moi…
J’y retournerai évidemment !
Vous trouverez ICI la réglementation de la pêche sur le lac.
Petites précisions sur les différents lacs accessibles sur Montbel. Ils sont au nombre de 4, deux petits (moins de 5 Ha ; les Baylards et le “carpodrôme”), un moyen (80 Ha ; le constant) dont le niveau reste stable, et le grand (550 Ha ; le variable).
Voir aussi cette session mémorable au lac de Montbel.
Le lac de Montbel sur le site (riche d’informations) colinmaire.net
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6 réponses
Salut je m’appel Laurent, j’ai 50 ans je pêche la carpe depuis longtemps et j’habite aussi près de Toulouse.
Je pêche souvent seul les lacs et rivières de la région donc si ca te dit on pourrais se faire une session ensemble.
Salut !
Pourquoi pas, même si j’ai le tempérament sauvage à la pêche, une petite session à deux cela peut se faire. 🙂
Bonne journée.
Tu peux déjà venir sur le groupe lié à cette page (https://www.facebook.com/groups/carpe.bouillette/)
Jolie récit j ai pêcher en session sur le lac à niveau constant il y a une vingtaine d année c est un très belle endroit je l ai mis dans ma liste pour avril 2019 pour une session de une à deux semaines
Salut, le “constant” me plait bien, je ne l’ai pas encore visité, je suis juste passé sur la première digue, et à l’arrivée d’eau. Je pense aussi y faire une session prochainement. 🙂
Un bien beau récit 😎
C’est vraiment un très beau lac et un très beau poisson a la clé
Il y a de très beaux poissons c’est sur et certains !!! 🙂