Découverte du lac de la Ganguise
Le lac de la Ganguise (ou retenue de l’Estrade), est une retenue d’eau, avant tout, consacrée à l’irrigation datant de 1979. Il est situé dans l’Aude, non loin de Castelnaudary et Avignonnet-Lauragais (pour situer géographiquement), sur les communes de Baraigne, Cumiès, Gourvieille et Molleville et Belflou. Il est constitué de deux bras, axés du nord-ouest au sud-est. Situé dans une région où de forts vents peuvent se lever, il est brassé régulièrement, soit par le vent d’Autan venant de Méditerranée, ou les vents océaniques d’azimuts sud-ouest à nord-ouest. Certains jours la violence des rafales empêche la navigation, formant des creux impressionnants.
Il est alimenté en eau par le ruisseau de Labexen et par la Ganguise. En 2007 une élévation de trois mètres de sa digue a permis de faire passer sa surface à 500 hectares (précédemment 278 Ha). Une canalisation, apporte de l’eau du lac de Montbel, mais je n’ai pas vraiment de précisions sur cet ouvrage.
Cette montée des eaux, après tant d’années, s’est faite de manière un peu anarchique, et la concession forestière n’a prélevé que les essences « nobles », et a laissé, en pieds, le reste… c’est à dire le taillis et les peupliers et saules qui avaient colonisés les rives de l’ancien lac…
Ce qui frappe lors du premier contact, c’est donc l’émergence de tous ces arbres aux cimes décharnées, tels d’anciens squelettes blanchit par le temps, semblant monter la garde, et interdisant l’accès aux pêcheurs inconscients. Il y a donc un obstacle psychologique à franchir avant d’entamer une session dans ses eaux.
J’y ai fait ma première session en avril 2019, il faisait beau mais frais, le vent présent n’était pas tempétueux, donc agréable. N’ayant pas vraiment d’infos, j’ai donc commencé dans le « grand bras », à la limite du secteur de nuit avant la queue du lac.
Il ne faut pas que les bobines déroulent…
Pour pêcher ces arbres il paraissait évident que, si on désirait amorcer dans leur proximité, il ne fallait pas laisser de latitude au carpes, pas question que ça « déroule ». Il fallait donc pêcher frein bloqué, et cannes amarrées solidement !
Ce fut une excellente école pour la suite, surtout lors d’une session en mai 2020 au lac de Montbel... N’ayant jamais pratiqué une pêche aussi « sévère », il me fut conseillé de passer à la tresse, le mono-filament étant trop élastique, son étirement aurait permis aux poissons d’atteindre les arbres couverts de dreissènes (Dreissena polymorpha), casse assurée.
Savoir qu’un poisson se balade avec une laisse en tresse, sans pouvoir se libérer facilement est quelque chose que je supporte mal. Le fait que je pêche systématiquement avec des hameçons sans ardillon, ou ardillon écrasé, me rassure pas mal quand même, quant à cette libération rapide.
Mes plombs sont aussi fixés sur des attaches qui, si elle permettent une libération rapide, tiennent en place durant les combat, question de limitation de la présence de plomb dans l’eau… Ayant commencé au « tout nylon », j’ai donc pour la première fois, mis mes deux bobines qui étaient chargées de tresse, et remis en place les montages.Je fis ,ici mon premier poisson de la Ganguise, une jolie petite miroir. Jean-Luc m’apprit qu’elle venait certainement d’un empoissonnement récent, effectué sur le lac, avec des carpes de souches à croissances rapides. Cela ayant pour but de « rafraîchir » les sangs, et projeter de la présence de plus gros spécimens dans les années à venir. C’est 400 carpes qui avaient été acclimatées, c’est à dire environ 0.8 carpe par hectare.
Une excellente initiative àmha, la gestion du long terme étant toujours préférable à la satisfaction immédiate, qui ne dure pas.
Mon premier poste ne semblant pas très peuplé, je décidais d’en changer, prenant un peu plus à l’est je me suis donc installé sur une pointe dominée par un grand gîte avec un chemin permettant la mise à l’eau (sans remorque c’est plus simple ici), j’allais rechercher ma voiture en stop pour la rapprocher.
Sur ma gauche une grande baie avec le passage d’un ancien ruisseau. Le niveau du lac était à son maximum, les herbes rivulaires et des arbrisseaux plus ou moins noyés faisaient de parfaits substrats pour les œufs de brochets. Je pu observer et filmer quelques scènes de fraies, étant trop occupés donc peu farouches, les spécimens venaient jusque dans mes pieds. |
Dans cette grande baie, le lit d’un petit ruisseau ancien marquait les fonds de son empreinte, quelques souches encadraient cet ancien lit, un spot y fut mis en place. Juste pour voir, l’amorçage et l’eschage se fit avec du maïs… Mais ce spot ne donna rien durant le reste de la session, même pas un Ide mélanote (Leuciscus idus), espèce très présente dans ce lac, vint se piquer sur ce montage…
Après quelques conseils prodigués par Jean-Luc (et ce pas rien de le dire), je changeais ma stratégie, et mis 2 montages en haut du tombant, qui se trouve devant les arbres immergés. C’est là que je fis mes premiers jolis poissons, dont une belle carpe commune de 14 kg. J’étais satisfait de cette première approche du lac de la Ganguise.
… … …
Retour à l’été 2020 à la Ganguise…
Un an plus tard donc, en fin août 2020, j’ai décidé de me frotter à nouveau à ce lac. J’ai choisi le petit bras (nord), pour planter mon bivvy. Un espace assez ouvert, encadré par des arbres immergés (on peut difficilement y échapper dans le lac de la Ganguise), eu ma préférence en arrivant. Le niveau d’eau, très bas à cette époque de l’année, me permis de voir l’emplacement d’une ancienne bâtisse, là où Jean-Luc a grandit. Le lac participant donc pour une grande part de son histoire personnelle, on comprend mieux l’affection qu’il peut avoir pour ce plan d’eau. 🙂
Après avoir vérifié l’état des fonds avec mon écho-sondeur, je choisi quelques endroits susceptibles de voir passer les carpes, j’y mis mes repères. Deux spots commencèrent à la graine (noix tigrées), et deux avec des bouillettes maisons de 24 et 30 mm. très dures, je dû tout de même les couvrir de gaine thermorétractable, pour limiter le grignotage des écrevisses, très présentes en cette saison.
En fin de matinée du lendemain, une équipe de jeunes vint s’installer sur la pointe précédente, ils firent quelques poissons avant moi, mes spots étant très, trop calmes, j’étais spectateur de leurs combats sur l’eau. Visiblement les poissons se déplaçaient lentement dans ma direction. Au vu des départs de mes voisins, cela avait commencé par les montages les plus à l’est le matin, passant petit à petit vers l’ouest… Il me suffisait d’être un peu patient.
C’est ainsi que la nuit suivante je fis ma première carpe, une jolie commune passant les 10 kg. J’avais décapoté, j’étais content.
Les carpes arrivèrent donc la deuxième nuit. Le bal commença par une commune ayant un air de famille avec celles qu’on peut capturer au lac de Montbel (assez trapue, et musclée). Par la suite les miroirs s’y mirent, elles étaient toutes calibrées, entre 4 et 7 kg. Il était évident qu’il s’agissait de celle de l’empoissonnement cité plus haut, et force fut de constater qu’elles trouvaient de la nourriture en suffisance. La prise de poids variant de 1.5 à 2 kg~ par rapport à l’année précédente, ce qui est bon signe.
Les graines ne donnant rien, je passais tous mes montages à la bouillette, ce qui me permis de capturer, en dehors des « pitchounes », 4 carpes de plus de 10 kilos, jusqu’à 15 kg, commune et miroirs.
Deux spécimens typiques du lac de la Ganguise, linéaire/Fully-scalled. |
Ici nous pouvons observer quelques oiseaux peu farouches, en particulier l’Aigrette garzette (Egretta garzetta), « picorant » les poissonnets en bordure. Ici en courant, là à l’affût, elles arpentent inlassablement les rives, à la recherche de leur pitance.
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Le vent compliqua la pêche le dernier jour, il peut se lever rapidement, et souffler fort, et si on n’y prend pas garde, le bateau à tôt fait de se retrouver au milieu des branches, des arbres, au risque de percer le zodiac, même si cela arrive rarement, il faut rester vigilant.
Ce qu’il faut retenir du lac de la Ganguise, c’est sont cheptel originel de toute beauté, des carpes à écaillures « tarte aux pommes », les quelques gros spécimens qui hantent ses eaux, ses vents forts, ses dreissènes, ses écrevisses qui peuvent être très « agressives » la protection des bouillettes s’avérant nécessaire.