Lac du Salagou, une session mémorable !!!
Ou : le lac du Salagou « L’œuvre du diable ; la part des anges… »
6 mois sans pouvoir pêcher, sauf un petit rituel annuel en aparté avec les amis Christophe et Pascal, le jour de l’an 2022. Une journée fraîche, mais agréable, juste une petite dose de bord de l’eau, juste le temps de faire un capot…
Il m’a fallut attendre la première semaine de février pour pouvoir enfin me concentrer sur une session, la dernière datant du mois d’août précédent.
J’ai donc commencé par préparer mon mix
Grâce à mon moulin à céréales, j’ai obtenue des farines fraîches, de graines choisies :
- 3 kg de farine de maïs*
- 3 kg de semoule de blé (fine)
- 3 kg de farine de pois chiche*
- 3 kg de farine de souchet (noix tigrées)*
- 3 kg de farine de lentille*
- 750 gr de graines « canari » moulues grossièrement*
- 500 gr d’albumine d’œufs
– avec une * = farines fraîches faites à la maison.
Ce mix revient à environ 2.85 € le kilo.
Je ne met jamais de parfum, mais comme je prend en compte le goût et l’appétence, j’ajoute du viandox (50 ml par kilo de mix), des l’huiles végétales type « isio4 » et sésame grillé, une cuillère à café de bétaïne, et une cuillère à café d’acide citrique par kilo.
Même sans parfum, les ingrédients donnent évidemment une ôdeur, mais celle-ci n’est faite que pour nos nez, par transport de molécules dans l’air, cette règle ne s’applique pas dans le milieu aquatique.
Quelques tergiversations sur la destination finale, et je me suis bloqué sur le lac du Salagou. Ma première expérience de ce lac (septembre 2019), s’était soldée par une semaine relativement venteuse, un changement de poste, et une jolie petite miroir la dernière nuit. Ce qui m’avait pleinement satisfait pour un premier contact.
C’est l’hiver, février et ses frimas.
Mais février c’est aussi ses redoux, une période qui est toujours intéressante car les carpes « sentant » le virage vers le printemps, recommence doucement à s’activer.
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Placer un montage sur ce secteur était une évidence…
Au départ, je ne savais pas trop où me poser, l’idée était de commencer vers le barrage, donc en chemin, j’ai longé la bordure du mont Redon, et à un endroit j’ai pu observer ce qui me semblait bien être des grouinages dans le substrat proche de la rive… Je suis allé jusque sur la partie nord de la presqu’île, pour constater qu’aucun poste n’était réellement accessible, mais surtout à l’abri. Sachant que de forts coups de vents étaient prévus, pas question de prendre des risques inconsidérés…!
Je suis donc revenu sur le secteur précédent, et mis pied à terre.
Un flux d’est à sud-est était établi sur le lac, amenant des nuages et la pluie qui va avec. La journée du samedi, la rive était donc à l’abri, ce qui me permis de m’installer tranquillement. Quelques ondées venues de la méditerranée ridèrent la surface. Dimanche la pluie ne cessa, pour ainsi dire pas, et je restais à l’abri. Pas un bip ne se fit entendre.
J’en avais profité pour observer le spot à l’aquascope, ce qui conforta mes observations premières, les grouinages étaient partout… Toutes les failles entre les roches étaient systématiquement aspirées, vidées à la recherches de nourritures, larves d’insectes, mollusques, crustacés. Placer un montage sur le secteur était une évidence. Que les carpes y repassent et mangent mon amorçage, puis engament mon esche était une autre paire de manches.
Au Salagou, il faut suivre le vent…
Le vent devait tourner le lendemain, et rien d’autre ne se passa durant la nuit du dimanche au lundi.
Un bon café accompagné de Spéculoos me réveilla tranquillement, j’attendais que la surface se ride en observant vers le nord-ouest…
Vers les 09 heures lundi matin, doucement, quelques risées s’établirent, et petit à petit cela forci, à 9 h 15 environ, j’eus une tape sur ma canne de droite. Celle qui pêchait dans moins de 2 m. d’eau à une quinzaine de mètres de la rive, à une trentaine de mètres de moi…
Le vent devint de plus en plus fort, et 15 mn. plus tard un départ canon fit réagir le détecteur, je bondis sur la canne, descendis au bord, et commençait à combattre un poisson qui me paraissait bien lourd ! Quelques rushs plus tard, il entrait dans l’épuisette.
Là je vis que quand même je commençait 2022 par un sacré bloc !
Une carpe miroir bellement colorée débutait la journée, elle accusait 19.6 kg sur le peson ! J’étais comblé, le contrat de base de faire une carpe durant la session était déjà rempli, le reste serait de la gourmandise… Je ne savais pas encore ce qui allait arriver dans les 20 heures à venir…
Et le reste…
Savoir amorcer « chirurgicalement » et parcimonieusement…
J’ai replacé le montage, en lançant du poste. Puis j’ai été amorcer le spot, en passant dans les buissons, c’était simple avec une fronde, vu la distance de la berge. Jamais plus de 3 poignées de bouillettes de 22mm. (soit une trentaine à chaque rappel). Cela suffit largement pour satisfaire les goulues lorsqu’on pêche une tenue ou une zone de nourrissage, ce qui semblait être le cas. Je n’ai jamais été adepte des « bennages », et je préfère pêcher les carpes là où elles sont, qu’attendre qu’elles viennent là où je l’ai décidé, c’est un point de vue, et il me suffit bien pour faire de belles pêches.
La vie pouvait suivre son cours, je ne savais pas encore que cela serait bref…
J’ai repris mes activités d’observations, de photogaphies, en février on ne peut pas dire que la vie batte son plein, donc pas beaucoup de sujets à immortaliser. Mais nous pouvons aussi ne rien faire, et ça dans un monde où il faut courrir perpétuellement (après quoi dans le fond…) c’est un luxe que peu de gens connaissent, et savent apprécier.
Environ 3h10 après, le détecteur sonne à nouveau, ni une ni deux, je prend contact avec la carpe. Le temps que je met à lui faire parcourir la trentaine de mètres qui nous séparaient, me fais penser que j’ai encore touché un beau poisson, et effectivement cette miroir rondelette accusait les 19.2 kg !
Un rêve éveillé…
J’ai relancé le montage, j’ai vaqué à mes occupations, j’ai rigolé, et même parlé aux carpes du lac, j’ai j’ai j’ai… Et j’ai crié crié é carpette pour qu’elle revienne !
Bref , je suis retombé sur terre 2h35 plus tard quand une masse lourde a pesé de tout son poids à l’autre bout de la ligne. Elle ne voulait pas venir, elle ne voulait pas tester mon grand matelas de réception bien sécurisé et moelleux ! Mais force lui fut de constater que j’aurais le dernier mot et elle se rendit. Dès qu’elle fut dans l’épuisette je sus que j’approchai le nirvāna…! Celle là accusait la taille respectable de 97 centimètres, et un poids de 26 kg ! Oh là là le délireeee ! Atteint de la « danse de saint guy« , je sautais autour du tapis en n’arrivant à rien faire d’autre que « glousser » comme un dindon !
Comme d’habitude…
Comme d’habitude j’ai relancé le montage (pas la canne hein 😉 ), fait un rappel de mes trois poignées de bouillettes, et j’ai attendu… Tendu comme un arc, tendu comme mon fil ténu qui me reliait à l’espoir. L’espoir d’en voir d’autres, de sentir le mucus collé à l’épuisette, encore au moins une fois… La nuit est tombée, sur une étrange idée, et c’est là à 19h45 (5h30 plus tard) que j’ai pu libérer la flèche, fleuret en main j’ai combattu cette nouvelle carpe ! La froideur de l’eau (qui était aux alentours des 8° C.) entamait un peu leur « gouache » de pleine saison, mais les combats n’en étaient pas moins rudes. De loin, dans la lumière de ma frontale, je distingue nettement une écaillure complète, c’est une carpe commune qui arrive ! La première de la session, une beauté sauvage comme nous les aimons tant, avec leur petite frimousse moustachue. Celle-là avait une grande gueule et ne pesait pas moins de 21,1 kg !!! J’étais trop content, serein…
J’ai fait mon repas, un petit verre de vin pour me rincer la gueule, j’ai prié… Euh non je ne suis pas croyant, j’ai souhaité que cela continue… j’ai plongé dans mon duvet, et je me suis endormi doucement. Ai-je rêvé, je ne le sais point, mais ce dont je suis sur, c’est que j’ai jaillis de mon duvet à 04h05 car ma centrale « Vimarco » lançait son cri tonitruant !!! CARPE CARPE CARPE …!
Je ferrais et la confrontation pouvait commencer. Cela a débuté à par un bon rush d’une dizaine de mètres, je me suis dit « oups il y a du monde » à l’autre bout du fil, et j’ai commencé à pomper, tranquillement, la fraîcheur de l’onde l’a vite ralentie, et l’entrée dans le triangle s’est faite sans anicroche. À nouveau, une miroir venait de se faire piéger par ma bouillette de 22 mm. dense, la présentation la plus simple du monde, avec laquelle je fais 100% de mes poissons… Car je pense qu’il n’est pas besoin, voir utile de multiplier les éléments dans un montage. Un hameçon qui se présente bien, pique bien, et cela le fait bien, cela fait beaucoup de poissons, bien piqués sur la mandibule (inférieure). C’est donc un spécimen orange virant au rosé que j’ai mis sur le matelas de réception mesurant 91 cm, elle pesait 24,1 kg !
Le bonheur c’est simple comme une session…
Une telle session me semblait inimaginable, inespérée… Même si nous allons pêcher avec le secret espoir de vivre de tels moments. Lorsque cela arrive les émotions vous submergent, les mots vous manquent, les superlatifs également, le bonheur…
Il m’est déjà arrivé de faire une session folle, c’est arrivé en mai 2019 au lac de Montbel, où j’avais fait 12 carpes en 7 jours, de beaux spécimens dont une carpe record de 28 kg !
Mais faire autant de carpes de plus de 20 kilos, je ne pensais qu’en plein mois de février cela puisse arriver. Comme quoi rien n’est jamais écrit…
La nuit porte conseil ?
Une bonne vingtaine d’heures venaient de s’écouler après le premier départ, et la question était: Quand cela s’arrêtera-t-il ?
Toujours est-il que le vent forcit dans la journée qui suivit, et qu’il fallut me résigner à sortir les montages de l’eau, car pêcher dans des conditions pareilles, devenait dangereux, sinon pour moi, en tout cas pour les carpes, sans parler des hypotétiques mise à l’épuisette avec des creux de près d’un mètre… Cela remuait tellement que les 24 heures qui suivirent furent des plus calmes, je pouvais penser à autre chose que la pêche, et admirer la pleine lune.
J’ai tout de même continué à faire des rappels sur ce spot, trois dans les heures qui suivirent. En fin de journée la tourmente fini son passage et les esches reprirent le chemin du plan d’eau, seulement 2 de mes cannes furent mise en place.
Il m’a fallut attendre une trentaine d’heures pour que la pitchoune de la session me donne à nouveau de l’action, rapidement maîtrisée, cette carpe commune dépassait juste les 11 kg, et ce fut un nouveau plaisir de lui rendre sa liberté.
Vers midi j’avais fait chauffer mon repas… Tout en mangeant, je reçu un appel de Benjamin qui venait aux nouvelles. Étant de nature prolixe, je m’épanchais sur tous les détails de ma pêche, les stratégies mise en places etc. Lorsque tout à coup le détecteur se signala par sont chant flûté ! …Départ ! Je te rapelle !!!…
Hop je pris tout ça en main, le combat débutat environ 2h40 après le précédent. J’eu juste le temps de voir le dos miroitant de cette nouvelle « victime » qui, en se retournant se décrocha. Je ne fut même pas dépité, cela entrait dans l’ordre des choses. Un de ces aléa contre lequel on ne peut rien, donc pas besoin de s’énerver, il faut remettre tout en place et patienter.
La journée passa, tranquille, dans la matinée comme les deux jours précédents, des Canadairs vinrent faire leur entraînement, ammerissages, décollages, écopages, largages… Briefings posés sur le lac, re-décollage, écopages, largages… et tutti quanti.
Le soleil,
Au couchant,
Continu sa course,
Pour éveiller loin à l’ouest,
Les dormeurs des Amériques…
Je pu contempler un nouveau coucher du soleil sur le lac, et je rejoignis la chaleur de mon duvet, le moelleux de mon oreiller, et commencait à ronfler…
02h10 !!! Extirpé je suis des bras de morphée ! Le détecteur lance sa douce mélodie, la bobine tourne, tourne, tourne … Je prend contact, serre le frein, pompe, pompe, pompe et c’est encore une superbe commune de 19,8 kg qui atterri sur le matelas !
La série continue, et je n’ai toujours pas de mots pour définir mon état émotionnel ; guilleret, allègre, euphorique, réjoui, grisé, ding-dong, barjot, foldinguo, etc. ou tout ça à la fois…?
Blasé ? Certes non !!!
Palabres au lac du Salagou…
Dans la matinée Benjamin vint me rejoindre, il avait prévu une session au lac de Montbel, mais ma pêche lui a fait changer ses plans, et son frère et son ami viendront le rejoindre au moment où je partirai.
Après son installation, nous avons palabré durant des heures, il était fasciné par ce lac majestueux qu’il découvrait. N’en n’étant qu’à ma deuxième session, j’étais bien en mal de pouvoir l’informer réellement sur la façon de pêcher le lac du salagou, je pouvais juste lui donner de « sages conseils »…
Le principal que je pu lui donner, c’était de pêcher comme si il pêchait un 1 Ha, et de tirer profit de tout ce qui se présente dans les différences de biotopes, de reliefs, de textures de substrats etc.
Sans avoir le « complexe de l’immensité » qui peut inhiber certains et les empêcher de pêcher librement. Ils préfèrent se cantonner dans des stéréotypes éculés, voir déjà éludés par les carpes. Annihilant toutes possibilités de voir la caudale d’un poisson durant leur séjour… Et c’est bien malheureux…
La cerise sur le gâteau…!
Toute session a une fin, le dernier soir fut calme, nous avons continué à discuter avec Benjamin, puis l’heure est venue de se coucher. À la pêche je suis réglé sur le soleil, printemps comme automne, été comme hiver. Couché avec le soleil, levé avec le soleil… à moins que…
22h30 tapantes c’est le run, j’appelle Benjamin, il a entendu le départ, nous nous retrouvons au bord de l’eau, ma canne est cintrée, la carpe, comme les précédentes, reste en bordure. Ici elle est dépourvue d’obstacle, ce qui permet de reprendre la ligne sans « treuiller » le poisson, comme on le voit parfois dans certaines vidéos… Aux risques de déchirer les tissus buccaux et leur provoquer de sévères blessures !
La mise à l’épuisette est génée par le ressac, mais pour finir Benjamin relève le filet, elle est là !
Poisson emmailloté dans la filoche, nous l’apportons au tapis. Là nous nous regardons, nous contemplons le mastodonte !!!
Elle est énorme cette longue commune de 1.03 m. ! Vite au peson, et l’aiguillle qui tourne, tourne, tourne, et elle fini par s’arrêter, là je lis le poids ! 24.2 kg !
C’est 200 gr de plus que ma précédente carpe commune record !!!
Après quelques photos, elle a retrouvé son élément, est partie sans demander son reste… Il m’a tout même semblé qu’elle nous saluait de la nageoire. (Mais non je rigole !)
Il était tôt dans la nuit, et tous les espoirs étaient permis, espoir d’en faire une autre ?
Que nenni, la nuit passa, Phébus éclaira le jour naissant, je bu un bon café et je commencais à plier mes affaires.
Une session inoubliable !!!
Je venais de vivre une semaine de rêve au lac du Salagou, après la journée où 5 carpes avaient testé mon matelas de réception, j’avais peur que la troupe soit définitivement partie.
C’était le cas, mais le secteur était vraiment visité régulièrement. Ce qui m’avait alerté au début, les signes d’activités tels les grouinages, étaient les signes qu’il ne fallait pas négliger, même en hiver et dans moins de 2 m. d’eau ! Sur une surface de 50 m2 (pour une surface totale de 700 Ha…) Une eau à 8° C. ! C’est donc une seule canne qui a fait du poisson. Les différents autres spots que j’avais mis en place après ma prospection à l’écho-sondeur, ne donnèrent rien.
À l’arrivée, j’ai donc fait 8 carpes sur 9 départs (4 communes et 4 miroirs, dont 5 de plus de 20 kg.). Un seul spot a déroulé, mes bouillettes maisons ont été appréciées, remarquez que je ne me suis pas encombré de graines/tubercules/particules/farines pour l’amorçage.
Inutile de dire que je reviendrais dans l’antre du diable, car elle est bien peuplée d’anges couverts de mucus, et dont les ailes sont nageoires !!!
2 réponses
Bonsoir Benoit, je viens de lire ta superbe session, que dire hormis félicitations 👍🏼 et qu a travers ses quelques lignes, tu m as vraiment fais voyagé. Merci et encore bravo 👍🏼
Merci Arnaud, j’ai vraiment fait une belle session, je ne pouvais pas faire autrement que de la partager le plus fidèlement possible. Justement en donnant l’impression aux lecteurs d’y être… 😉